mercredi 24 mai 2017

Côte à côte et bord à bord

Parfois __ lorsque les rues sont vides
Et la lumière absente
J'entends autour de moi monter ce tintamarre
La lourde et sourde sarabande
De mes anciennes craintes
Le sifflement d'un train au long d'un quai de gare

Alors les fumées pleurent
Aux voies sans voix
Aux vapeurs d'un départ
Au souffle des bogies dans une odeur de fer
Où grince encor l'écho d'un monde d'autrefois

Ne cherchez pas la blancheur d'un mouchoir
La forme d'un chapeau entre les fumerolles
Le regard est ailleurs à ce qu'on ne peut voir
Au lieu de l'impuissance
A ce vide sans mot
Qui tombe et fait silence
Sous les flocons de neige molle

Sans se figer la pensée bouge
Recherche une lueur
Main dans la main explorer les images
Pour que les ombres s'évaporent
Il lui faut s'envoler __ voyager bord à bord
Et puis pencher le temps d'un long virage
Côté soleil et côté coeur

Copyright Merle Bleu

dimanche 21 mai 2017

Que dirai-je à ta mère



Ce soir mon fils
C'est bien l'hiver
J'ai froid aux mains
Les pieds glacés
Je vais rentrer

Vais-je lui dire à cette mère
Aujourd'hui ou demain
Que Dieu aussi nous a laissé

Tu es parti
Ce soir c'est février
T'as quitté la cité pour apprendre la guerre
Si j'avais su le dictionnaire
Je t'aurais lu le verbe aimer

Ce soir
Je suis paumé
Je sais pas quoi dire à ta mère

C'est dur je sais
Il y a ta soeur et tes deux frères
Y a mon salaire
Six à manger
Y a ce regard pour toi français
Dont la couleur peut déranger

Y a le chomage
Le sentiment des délaissés
Les doutes de ton age
Tout ce qui décourage
Les mots qui t'ont blessé

Y a aussi la faiblesse
Qui fait baisser les bras
Le pas de chance
Le pas le choix
En habit d'arrogance
Le cri de ceux qu'on blesse
Ce pas de danse
Connu et qui rassure

Tu sais mon fils
Écoute un peu ton père
Un vieux
Ne vois tu pas le vrai danger
Il est ici tout comme ailleurs
Dans la colère
Dans ce qui tue au fond coeur
Pour se venger
Pour exister
Où nommant Droit ou Dieu
La main du faux se sert

Je l'ai connue tu sais la guerre
Ca mène à rien
Sauf à certains
Pour le pouvoir et leurs affaires
Mais pas pour nous
Non pas pour ceux qui sont à terre
Que l'on met à genou
Pour des rêves de gloire

Mon fils écoute ma mémoire
Hier j'étais cet étranger
Enfant d'Alger
Parti pour me nourrir et boire
Pour donner vie
Fonder l'espoir et croire
Croire au possible
À l'avenir
Mais à ta mère si sensible
Que vais-je dire

Alors mon fils
Tu vois ce soir je vais pleurer
Comme on pleure l'amour
Je vais chialer et puis prier
Pour que vienne ce jour
Oú la haine s'efface
Que chacun ait sa place
Sans avoir à lutter ou bien à tuer
Que tu sois de retour
Que le monde ait changé

Que je puisse te dire
A toi mon grand
Aux hommes
Aux femmes
Aux mères
A tous les péres
Aux filles
A tous les fils
C'est le printemps
Voici des fleurs à partager


Copyright Merle Bleu

vendredi 19 mai 2017

De ciel et terre



Il pleut des perles __ de la vie
Là __ le sol __ dans la flaque ébloui
Au féminin d'envie s'arrose __ Il accueille __ il boit __ il irise
Il revêt une frise à la frange des roses

Goutte à goutte des plocs __ l'eau des diamants en toc
Chante la source __ un cristal de rivières
Le frisson nu sur le dos des galets
Le vert palais  __ fragile de nature

De sol et d'eau s'ose l'osmose
S'arrose et filtre le mystère
Le charme __ l'alchimie
La fusion __ un et un finis d'atomes solitaires

Au secret il se crée  __ du rien __ du tout vers l'à venir
Dans la glaise et la craie __ il plonge __ se dessine
Extrait du noir son essence sublime
Essaime en vert et pousse à croire


Copyright Merle Bleu

jeudi 18 mai 2017

Lever du lys





A l'heure où l'aube sonne un argent cristallin
La belle a fait vélin et sa robe détonne
S'épanoui de blanc dans un monde encor gris
Au sortir de la nuit soulignant la couleur

Sur la peau fleur de lys __ à l'ombre du plus pur
J'ai offert à la Reine un regard doux et lisse
Au sacre de blancheur énivré de courbures
Un éclat de mon coeur à l'orée d'un calice

J'ai volé papillon __ abeiĺle ou faux bourdon
Et la tête engourdie __ captive des aromes
De l'étamine jaune à l'or du paradis
J'ai demandé pardon de n'être rien qu'un homme


Copyright Merle Bleu






dimanche 14 mai 2017

Seul à Celle




Dans le son de sa voix __ la courbure d'un geste
Je l'entends __ je la vois __ mon amour __ mon artiste
Au jardin de l'intime où s'éveille l'émoi
En ce lieu où j'existe __ au meilleur __ à la cime

Si jamais tu la croises __ oh dis lui __ oui dis lui
Que le jour et la nuit elle est là près  de moi
Qu'Elle est rythme __ Elle est vie __ Majesté __ Symphonie
Un très blanc de l'Esprit sur le gris d'une ardoise

Je suis seul en ce jour mais je sais qu'Elle est Celle
Joueuse en mélodie de mes notes de soie
Des soupirs de velours et des larmes parfois

Elle est sucre __ Elle est sel __ et piment __ et saveur
Elle a goût du bonheur et m'en montre le droit
Amplitude est sa joie au pulsant de mon cœur


© Copyright Merle Bleu

mercredi 3 mai 2017

Semi connaissance



Au jardin du savoir message est graine
Semence au fond du sens
La goutte à l'eau de l'inconscience

Germe des mots
Etre se ploie __ s'allonge __ s'enracine
Essence haut lieu des connaissances

Encré au trait des profondeurs
Dessin issue hissé tressé vers le futur
Existe au ciel un vers tendre le coeur
Déchirure terre à terre enfantant la nature
Le verbe au bleu fait son chemin

De ses deux mains __ esprit et créateur
Lobes étales scindant la nuit
Sur les pétales d'un mot vert
S'orne le jour alors épanoui


© Copyright Merle Bleu