mercredi 31 juillet 2013

Route des songes

L'homme s'était assis au rebord de sa vie
Il s'était posé là
Attendant une suite
Qui ne venait pas

Chaque hiver recouvrait peu à peu ses idées
Comme aurait fait la neige
Ses cheveux se teintaient
De la blancheur du givre

Son être lentement s'effaçait dans la glace
Une froide morsure
L'incitait au déni
Le rendant misérable

Il avait sur sa vie étendu comme une ombre
Où s'abritait le gris
Où le sombre régnait
Où s'étouffait l'envie

Un jour où le ciel était noir à pleurer
Une plume d'oiseau
Intrigante arrogance
Atterrit à ses pieds

A l'encre de sa peine il trempa cette plume
Et la vit tressaillir remplissant une page
Où s'écoulait son âme
Où se disait son cri

Il obtint au matin un dégradé de sombre
Et aperçut enfin, au delà de son ombre
La lumineuse route
Où s'apprivoisent les songes


© Copyright Merle Bleu

mardi 30 juillet 2013

L'essence du rêve


La main glissait
Sur le fil noueux
D'une vieille solive

La paume épousait
Chaque grain, chaque fibre
Aux reflets brun ambré

En caressait le cœur
S'arrêtait sur l'aubier
En devinait les formes

Le corps s'imprégnait
A la finesse du bois
Au parfait de l'essence

La pensée s'égarait
En des chemins secrets
Douce béatitude

Et l'esprit s'envola
Quand le bois devint femme
A la peau satinée


© Copyright Merle Bleu

dimanche 28 juillet 2013

Horizon bistre


D'un seul esprit faire deux chairs
L'âme torchère affolée crie
Feu de tes bras, porte cochère
Vieux phacochère vole en débris

Flamme bergère, vide acétone
Les idées noires en troupeau
Du paradis la glace étonne
Crame la peau, trou des non dits

L'amour loto roule à l'impair
Sous une pluie de photons gris
Photo d'un  ciel foulé d'aigri
Toi contre-jour, moi comme un con !

Fondus les rêves enchainés
Le flou des mots, la mort en traine
Filet de peine où les jours crèvent
Ventre poisson pleurant aux nus.

Les yeux gonflés, sans oxygène
Cœur anxiogène tombe en soufflet
Pas le reflet d'un brin de haine
Mais des regrets...Oui, des regrets.

Les émotions ventrus poisons
Montent en surface éclatent en bulles
Restes d'images sans toison
Moi funambule, toi l'Horizon.



© Copyright Merle Bleu

samedi 27 juillet 2013

Inflation matinale



S'éveille un homme scarabée
Esprit tourment de son blafard
Cafard des jours à exhiber

Matins douleurs, charbonneux trips
Au creux des tripes le ventre ment
Tonnant de l'antre où git la peur

Aube vapeur la nuit défripe
Un libre arbitre sans chemise
Partie remise aux libertés

La vérité cette soumise
Chassant le rêve à coups de pied
Sème la bise en lâcheté

Et l'homme étouffe et l'homme expire
De ses soupirs qui le bouffent
Refait la somme évalue pire

Pas de bonne heure à cet abject
Le corps objecte à cette aurore
Pour un peu d'or où tout s'achète



© Copyright Merle Bleu

vendredi 26 juillet 2013

Au style



Redites moi encore combien le monde est beau !
Parlez moi de ses fleurs, calices allergènes
Contez moi ses oiseaux s'ébattant monotones
Racontez moi la vie et faites en des tonnes

Racontez moi l'amour et surtout sans épine !
Et les roses bien sur et leur parfum suave
La rosée du matin, ses perles en insigne
Le bonheur assouvi au juteux des goyaves

Les pruneliers d'antan, l'éclatante aubépine
Le serment des amants, les sarments de la vigne
Et les chinois d'enfants décochant un sourire
Aux cadres nos vampires, énarques du sournois

Dites moi la groseille éclatant à la bouche
Les tartines où se couche une dorure au miel
Le raisin de la treille et le destin des mouches
Parure libertine ou posées dans la brousse

Dites moi le ciel bleu éclatant la rétine
La banquette et l'Austin flagornant camaïeux
Ce douteux péristyle éjaculé d'adieux
Mais taisez moi l'odieux sans le souffle d'un style


© Copyright Merle Bleu

jeudi 25 juillet 2013

Héroïsme composite


Bourdonnement d'une ombre
Insecte sans remord
Frelon portant le sombre

Prédateur anonyme
Archange de la mort
Frémissant de son crime

Vecteur d'un jeu furtif
Fautif privé de cœur
Tueur d'ego capacitif

L'assassin composite
Armé pour le malheur
S'excite à son dessin

La cible est pacifiste
Mais c'est de droit divin
Qu'existe l'irascible

Branlant soldat d'un trône
D'un doigt décide enfin
L'éclair lointain jaillit d'un drone



© Copyright Merle Bleu

mardi 23 juillet 2013

Soir mygale



Froid du regard
L'Amour est glace
Et claque un cœur

Le choucas noir
Fait un détour
A ses je crois

Un doute plane
La plaine est plate
Bise déserte

La vie se fige
En sombre lac
Rives bitume

Le jour s'éteint
Lampe des rêves
Phare au destin

Et la nuit rampe,
Veuve secrète au dos velu
La solitude comme un venin
Et son goût âcre d'amertume
Feu l'illusion se carbonise


© Copyright Merle Bleu

dimanche 21 juillet 2013

Impératif de survie



Chante !

Refais la ronde au ciel immonde,
Rejoue la danse à la romance,
La litanie des désunis.

Chante !

Comme on rempli le vide immense
A coup de cris, à coup d'offenses,
Pour enfoncer un ciel aigri.

Chante !

Pour que s'envole ton message
De cette rage qui t'affole
Quand se dérobe un pan de vie.

Chante !

Pour que la roue encore tourne,
Pour que l'amour encore entonne
La mélodie d'un air ami.

Chante !

Comme l'on gueule entre deux pleurs
A la douleur qui se dégueule
Et que l'on vide dans l'oubli.

Chante !

Pour que le bruit cache ta peur
Et la froidure de tes nuits,
Parcours d'ennui connu par cœur.

Chante !

Ou bien tu meurs et tes envies.



© Copyright Merle Bleu

Au temps Alice


Elle habitait, Alice, allée des Lys
Et son corsage était léger présage
Au vent d'été, son doux complice

Mon cœur sautait, heureux message
Quand elle passait mes yeux soucoupes
J'en oubliais tous les mots sages
Et du silence battais mon coulpe

Elle était Une, c'était mon sens
Et sa présence était ma Lune
Moi le Pierrot toute innocence
Pour elle j'ai tant grillé de brunes

Je savais tout de ses horaires
Et mes journées étaient son rythme
C'était mon vent, c'était mon air
Ma suite atout, mon paradigme

Le temps s'envole et l'insouciance
Et vient l'amer à ces délices
La vie est tout sauf une science
Pas un expert au temps qui glisse

A ces années parfois je pense
Et la mémoire est si précise
Que je revis l'étrange transe
De cette Alice allée des Lys



© Copyright Merle Bleu

samedi 20 juillet 2013

Accords déviant



La mort donnée secoue la vie
L'amour sévit
Las, fredonnée
D'envie
Dans vie

La main donnée parvis des vices
L'amour dévie
Abandonné
Sévices
Ses vices

L'humain doré en tour de vis
Mante à lover
Vertu
Délice
Des Lys

Piano doré les touches glissent
Mental au V
Doigts de silice
Mi lisse

Notes jouées vie à l'orée
Le vide à larmes
Éclat létal
Métal

© Copyright Merle Bleu

vendredi 19 juillet 2013

Amputation amoureuse



L'Homme est enfance
Où l'Amour manque,
Où SEUL sonne.

Incandescence...
Des larmes coulent
Et brûlent et fondent à l'intérieur.

Le vide est là, en pleurs,
Drapé de noir
Et grimaçant.

Briser le lien,
Nouer l'envie
Pour être étanche.

L'Autre est mensonge,
Sombre blessure
Mise en broche.

Monde en distance,
Ironiques douleurs,
Le sas aux souffrances ressasse.

Sans un cri,
Sans un reproche,
Rompre l'accroche,
Perdre les songes.



© Copyright Merle Bleu


samedi 13 juillet 2013

Mythe - Eau en fuite


Elle est cette eau laissant les rives
Pleur d'un ruisseau se rêvant mer
La fausse esquive
Au double amer

Pas de repère à cette eau vive
Poussés d'envie naissent les songes
Un pieu mensonge
Se rive en terre

La vérité a quatre pattes
Où tout bascule en équilibre
Mémoire en bulle
Fabule éclate

A l'irréel folle est la fuite
Où la chandelle enflammée goutte
Ondée de doute
Nappée de miel

Le vrai s'enlise et l'aube danse
Matin sournois d'obsolescence
Où la romance
Au faux se noie

Une pensée où l'herbe est verte
Foule ce pré imaginaire
Lunes brisées
Fable déserte

Ombre et lumière une étincelle
Ignore un vide en le niant
L'Histoire existe
Puis le néant


© Copyright Merle Bleu

mardi 9 juillet 2013

Cassée la rime



Cailloux trop ternes jetés à terre
Plus aucun vers n'a de précieux
Grain de poussière
Au yeux chassieux

Où est passée l'auto-caresse
De tous ces mots au rouleau brosse
Un vide atroce
Compresse

Tari le flux hémorragique
L'âme suppure mais rien ne gicle
Point de rupture
Un cycle

Clopin-clopant boite un poème
Poumons hurlant muse toussote
Son rire est blanc
La sotte

Rime brisée forte est l'emblème
Demain est fruste en long couloir
Juste vouloir
En sorte



© Copyright Merle Bleu

samedi 6 juillet 2013

Beauté méfiante



De mille verts est cette terre
Au vieux squelette de granit
Ses avancées en longues serres
Crochent aux bleus d'une pépite

Son âme vibre des paghjelle
Des bergers morts au combat
Combien de vies combien d'agnelles
Cette ile fière aura mis bas.

Lointaine plainte des voceri
L'histoire est sang où coule l'ancre
Puisant aux roches des calanque
Comme un éclat de couleur chair

Terres d'olives et de châtaignes
Lonzu, prisuttu' ou bien fromage
La vie s'accroche à ces montagnes
Comme une vieille oublie son age

Gardiens figés
Les clochers gardent ses villages
Ruelles vidées du pas des ânes oubliés
Témoins muets au paysage

Au loin se dessinent les plages
Croissants de sable au blond doré
Et l'au-delà comme un présage
D'où le danger viendrait roder

En vigilance à contre temps
Les tours se dressent en amer
Pas un instant sans la défiance
Le vent de mer tourne en détresse



© Copyright Merle Bleu

jeudi 4 juillet 2013

Liberté migratoire



Voici le fol été débarquant sur nos plages
Le frêle volatile aux ailes encore blanches
Des amoureux pointés aux belles en voyage
Les criques sont parées de bassins qui déhanchent.

Écrasées de soleil, les journées sans courage
Huilées à l'essentiel, aux pales peaux mitonnent
Un parfum de coco prévu pour le voyage
De citadins blasés qu'un grain de sable étonne.

Vouloir s'en éloigner est voué à l'échec
Le mouton égaré vous voudra pour troupeau
Et c'est d'un ton outré qu'il pincera le bec
Si vous lui démontrez qu'ailleurs est aussi beau

Ces tristes voyageurs emmènent leur coutumes
Clamant à tout venant: le local est sauvage
Cervelles en vacance ils déversent leurs brumes
Empilant les clichés comme d'autre des images

Au moment du repos ils sont toute impatience
De noircir leur abdos en baignant dans la foule
Le libre suffira, le temps d'une inconscience
Plongeant dans l'inutile au rythme de la houle

Mais les jours sont comptés et toute l'indolence
Le départ est sonné retournons à la case
Les anses désertées ont goût de délivrance
Le quotidien reprend...Rappelle moi ton blase ?


© Copyright Merle Bleu

lundi 1 juillet 2013

Tutti frutti acide


Accords flonflon au meurtri soir,
Le temps s'allonge et colle et poisse,
L'accordéon étouffe en poire
Un cœur froissé tuant les songes.

Jour lunatique à la découpe,
Le soir se couche en éventail,
Vidant l'amer à pleine coupe,
Tangue la nuit, la noire entaille.

Fruit d'un effroi la peur est glace,
Le temps grimace à ce nihil,
Éclat livide d'une face,
Pile minuit sonne au vinyl.

Pomme en discorde à la survie,
La vie s'enroule, aigris méandres,
Nouant l'envie, son monocorde,
Où l'homme croule et vient se pendre.

Trouée d'étoile, un néon saigne,
Néant scintillant aux nuées,
La rouge enseigne aux yeux se voile
En un soupir exténué.


© Merle Bleu